On peut se poser la question dans le contexte politique actuel. Il ne faut pas se le cacher : la 6e plateforme sociale* la plus utilisée au monde, avec plus d’un milliard d’utilisateurs actifs, est de plus en plus scrutée. Et la vérité est gênante….

Rappelons-le: TikTok est une application de partage de vidéos créée il y a 7 ans par la société chinoise ByteDance. Les vidéos sont courtes, voire très courtes. La durée maximum a été augmentée à trois minutes, mais la plupart ne dépassent pas 30 secondes. En réalité, beaucoup se limitent à 10 secondes à peine. À ses débuts, l’application a fait fureur chez les ados, qui rivalisaient de chorégraphies sur les tubes du moment. Depuis le début de la pandémie, l’âge des utilisateurs aurait progressé: 67% des utilisateurs auraient aujourd’hui plus de 25 ans.**

Bannie par la commission européenne, les agences fédérales américaines et le gouvernement du Canada, aucun appareil mobile qu’ils fournissent à leur personnel, ne doit contenir l’appli. Evoquant  «un niveau de risque inacceptable » pour la vie privée et la sécurité, TikTok fait déjà partie des applications chinoises interdites en Inde depuis 2020.

Cela laisse à réfléchir quand on sait que les marques y accordent depuis longtemps une importance commerciale de taille etque son audience est avide de divertissement! La hauteur des rémunérations des influenceurs en fait pâlir plus d’un. Par exemple, les influenceurs américains stars de la plateforme ont gagné plus que des PDG de grandes entreprises. Du haut de ses 17 ans, l’influenceuse américaine Charli d’Amelio, a bâti en deux ans un empire sur le réseau social. Ses chorégraphies virales de quelques secondes, lui ont permis d’empocher 17,5 millions de dollars en 2021.

Charli Amelio 17 ans
134 millions d’abonnés. La jeune créatrice de vidéos affichait des revenus supérieurs à ceux du sexagénaire Kevin Johnson (14,7 millions), PDG de Starbucks, l’une des plus puissantes entreprises du S&P 500.

Le réseau social chinois bat des records de fréquentation depuis la pandémie de Covid-19. Il s’est aussi attaquer au secteur du tourisme. Quitte à marcher sur les plates-bandes de son rival américain Instagram. Ouisncf, la ville de Cannes, Transavia, l’hôtel Martinez (Cannes) ou encore le Château de Versailles… En France, les acteurs du tourisme sont de plus en plus nombreux à vouloir s’approprier ce qui pourrait devenir un formidable outil de communication.

 49% des utilisateurs déclarent avoir réservé un voyage ou acheté

un produit lié au voyage après avoir été inspirés par un contenu vu sur TikTok.

Etude Walnut Unlimited 2021 à l’initiative de TikTok

Le vrai problème selon Maëva Marie-Sainte, guide-conférencière et fondatrice du concept 1 jour 1 arrondissement, c’est le symbole de la disneylandisation du tourisme.

La monétisation d’une vidéo est possible à partir de 100.000 vues, mais de nombreux paramètres entrent en jeu comme la régularité ou le nombre de likes. Un budget de 350 millions d’euros sur trois ans est prévu pour rétribuer les créateurs de contenus européens préférés des utilisateurs, nous indique-t-on chez TikTok.

Tik tok ringardise-t-il Instagram? L’ADN d’Instagram reste le partage de photos. Les contenus sont moins spontanés mais plus travaillés, et sont dotés d’un outil de géolocalisation permettant de retrouver tous les contenus postés sur le lieu d’où est prise une photo ou vidéo. Utile pour se renseigner sur une destination. Les vidéos, qui n’ont fait leur entrée que plus tard, restent minoritaires et sont en général plus longues. Même si en 2020, le réseau social américain a lancé les Reels, un format vidéo de 15 secondes maximum avec du contenu audio et des effets en réalité augmentée. La durée maximale est maintenant passée à une minute, mais l’outil reste largement inspiré de TikTok.

L’opérateur chinois marche lui aussi sur les plates-bandes de son rival. Il vient d’augmenter la limite de durée maximum des vidéos à trois minutes, contre seulement une minute auparavant. Mais avant de remporter la mise, la plateforme a encore quelques batailles à mener. Elle doit notamment régler le problème des effets néfastes qu’on lui soupçonne d’avoir sur la jeunesse. Même dans son pays natal, l‘application a dû limiter à 40 minutes par jour son utilisation pour les moins de 14 ans.

Il va falloir préparer ses voyages en quatrième vitesse…

*Dernier rapport de We Are Social sur l’évolution du numérique (janvier 2023)

**Etude Kantar commandée par TikTok en 2020,

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